Je n'arrive pas à y croire, mais c'est déjà mon 12ème jour ici...
Une constatation : Ce qui m'a marqué le plus ici, c'est le downtown. D'où mon envie d'y retourner. Ensuite, j'aime de plus en plus cette ville à laquelle je me suis maintenant bien acclimaté. Finalement, passé les premiers jours difficiles, j'aime assez les USA. Par contre, il faut savoir que les américains sont définitivement des anglo-saxons dans leur comportement relationnel (exception faite peu être des Porto Ricains ): On peut parler avec les gens dans la rue, dans les bars etc... ils seront très gentil, mais ils ne se lieront pas d'amitié pour autant. Je pense - et ceci n'est que ma théorie personnelle - qu'il faut travailler ou pratiquer une activité, ou au pire rencontrer régulièrement dans un endroit une personne pour qu'une relation puisse naître.
En cela, ils différents des anglais que j'ai rencontré, car ces derniers deviennent beaucoup plus chaleureux dans les pubs !
Bon, toujours est-il que j'ai trouvé ma vitesse de croisière ici : Réveil tardif le matin (du moins cette semaine), puis parlotte sur Skype avec l'autre boût de la planète.
Ensuite, je me prépare puis je vais manger dans l'un des nombreux fast-food du campus (hamburger, salade, nuggets, chinois, mexicain au choix), vers 14h00.
Puis, je vais faire un tour en ville, c'est-à-dire sur Monroe Ave. ou downtown ou encore chez Fred Meyer (supermarché local). Souvent, ça s'accompagne de photos (surtout maintenant avec les encouragements des parents. Merci !).
Je m'arrête vers 16-17h dans un café, que je sirote en lisant un journal ou un roman...
Puis je rentre, tranquillement, en repassant par un parc, une rue inconnue...
Cette après-midi, je suis donc retourné downtown, mon endroit préféré. Finalement, avec l'habitude, ça paraît moins loin.
Je suis passé, comme l'autre fois, par la plus belle rue de la ville, de ce que j'en ai vu en tous cas : Jefferson Ave. (Je crois que je l'ai déjà dit, les avenues ont le nom des présidents).
J'étais en chasse de belles photos, commandité par les parents pour préparer de nouveaux cadres. Belle tâches, qui donne d'autant plus d'intérêt à mes excursions. La journée s'y prête en plus, car il fait très beau; au contraire d'hier où il a plus toute la journée.
Vers 16h30, après avoir pris pas mal de photos sympas, je me rends sur la place de la Court House, c'est à dire le tribunal. Avant de traversé, je remarque - dur de le rater - un homme, la 60aine, portant un polo orné du drapeau américain. J'y vais... j'y vais pas... je lui parle ?
Bon, je me suis décidé. J'entame le conversation avec un "Hi, you've got a nice shirt. Where did you got it?" ("Salut, vous avez un haut sympa. Où l'avez vous trouvé ?"). Il m'explique qu'il l'a acheté $15 sur le net, et qu'il en a pris trois autres, car il porte ça toutes les semaines.
La question est la suivante : Pourquoi porte t'il ce genre de chemise toutes les semaines ?
Et bien il fait parti d'une association - a but non lucratif, me précise t'il - qui se réunit chaque jeudi après-midi, muni de drapeaux, au bord d'une rue passante, pour "supporter les troupes" littéralement ("We support our troups"). Il détecte un accent chez moi, mais me demande d'où - petite fièreté chez moi : mon accent n'est plus si franchouillard que ça - et donc je lui répond que je suis français. Je lâche un léger rire à ce moment, conscient que dans la tête de certains américains, les français sont "anti-guerre". Lien de cause à effet ou non, il me précise qu'ils n'ont rien de politique et qu'ils ne sont pas pour ou contre la guerre, juste qu'ils supportent les familles des militaires ainsi que les convois de militaires qui passent par ici (j'ai déjà vu pas mal de militaires ici et là, plus qu'en France dans le même laps de temps en tous cas).
C'est un ancien du Vietnam. Il connaît des gens qui ont des enfants en Irak, en Afghanistan...
Je l'aide à sortir ses drapeaux...
La chose étrange, c'est que dans mon imagination, comme dans celle je pense de nombreux Français, les américains agitant ce type de drapeaux sont des extrémistes, des fanatiques de leur patrie et des armes (il m'a précisé que le site sur lequel il a acheté ses polos vend aussi des armes, de manière toute à fait naturelle). Comme la France s'est opposée à la guerre en Irak, on a vu dans les médias les rayons fromage saccagés etc... et donc je les pensais anti-français, surtout dans ces zones rurales... Mais bizarrement, non ! Ma nationalité ne l'a pas empéché de me parler du sujet. Je ne l'ai pas senti moins gentil, et pas du tout extrémiste.
Il a simplement ses convictions et il faut les respecter.Cinq minutes plus tard, ses amis arrivent. L'un d'eux me dit que dans moins d'une heure, les anti "support our troups", les anti eux donc, les
anti-tout comme il dit, vont débarquer. Ils sont toujours là. Mais il n'y a jamais de violence. Ils sont juste là (je lui signale d'ailleurs qu'en France, ce genre de manifestation est inexistante ou presque et que nous n'avons pratiquement que des défilés, plus "violents", de par les slogans criés et les attitudes plus déterminées).
Vous noterez d'ailleurs que si les Français ont des attitudes plus déterminées lors des défilés, la pression retombe souvent bien vite, alors que eux sont là tous les jeudis, même si la guerre en Irak dure depuis des années déjà, ce qui est preuve d'une autre forme de détermination.
Je décide de changer mes habitudes et d'aller goûter une bière dans une des nombreuses brasseries locales. C'est une spécialité ici, beaucoup d'établissements brassent eux même leur bière. Je m'installe et on m'apporte la carte (!). Il y en a tellement... La serveuse demande le type de bière que j'aime, je lui réponds blonde et pas trop sucrée (j'en ai déjà pris une "classique" ici, et même les bières sont sucrées), brassée ici naturellement.
Il y en a deux qui correspondent : La Golden Ale ou la Spring Beer.
Je lui dis que je ne sais pas trop quoi choisir. Qu'à cela ne tienne, elle me propose de me faire goûter les deux ! "Ce sera combien ?" "Gratuit, après vous commandez celle que vous préférez". Cool !
Elle m'apporte deux petits - enfin pas si petit que ça - verres avec les bières. Elle me demande une pièce d'identité, bien sur, pour vérifier mon age (21 ans ou plus obligatoire, et cette vérification est
toujours faite !). La Spring Beer est sympa, différente, mais là j'ai envie d'une plus classique donc j'opte pour la Golden Ale.
Vers 17h30, lorsque je sors, je vais faire un tour sur le trottoir de tout à l'heure, pour voir si le "Suport-our-troups-man" avait raison... Et en effet, eux ne sont plus là. Ils ont été remplacés par des gens non moins agés, à peu près le même nombre (4-5). Ce ne sont pas des Hippies, mais ils l'ont sûrement été. Il leur reste de cette époque le van VolksWagen rempli de tracts et le signe Peace & Love sur certains drapeaux.
Eux plaident pour le retrait des troupes américaines de tous les endroits du monde.
Bref, un relan des 60's sur la West Coast qui va tout à fait bien avec la sensation que j'ai eu lors de ma première visite downtown. Et ça, j'adore !
PS : Aujourd'hui, sachant que j'allais downtown, j'avais mis mon jean pattes d'ef acheté d'occasion à Caen (il date des années 70 me semble t'il) et mes ray-ban aviator, avec un polo noir... Total look 60's :)